Je vous ai donné envie d’aller dans le Sud-est
asiatique mais vous avez peur de ne pas vous adapter à la nourriture
locale ? Rassurez-vous, il y a des Mc
Donald’s et des Kentucky Fried
Chicken partout. Avec un bon Coca bien frais (on est en climat tropical !)
par dessus, tout va bien. Pourquoi s’embêter à essayer de comprendre toute la
richesse de la gastronomie locale ? Pourquoi chercher plus loin ?
Bonne question, non ? D’autant qu’il faut un certain
temps pour décoder les coutumes locales. Exemple : à Kuala Lumpur, si vous allez dans un restaurant indien tenu par des
musulmans (la très grande majorité), vous ne pourrez pas commander de bière
(ne parlons pas du vin), mais pas de problèmes si le restaurateur indien est de
religion hindoue. Chez les Chinois ou les Thaï, vous pourrez aussi boire une Tiger, une Heineken ou une Carlsberg…
A Kuala
Lumpur, j’avais choisi un hôtel très proche de Jalan Alor, dans le quartier de Bukit Bintang (Triangle d’Or), la rue la plus animée de la ville. Tous les soirs, dès 17h, la rue se couvre de centaines de tables et de
chaises en plastique et se transforme en un espace de restauration continue en
plein air (hawker center) où les cris
des marchands drainent le chaland vers un stand ou un autre. On peut y
tester à peu près tous les plats sino-malais imaginables : poisson
grillé, saté (ou satay) indonésien, kai-lan (légumes chinois) à la sauce
d'huitre, nouilles sautées aux cuisses de grenouille, etc…
Le premier soir, je déguste une dizaine de satay (de différentes viandes), avec une
bière (je suis dans un restaurant chinois, donc bière OK !) puis je parcours cette rue et m’arrête devant un stand qui vend
des morceaux de durian. Vous
connaissez ? C’est le fruit qui sent le plus mauvais au monde, à tel point
qu’il est interdit dans les hôtels, les transports en commun, etc. Bon, je déroge
et rentre à l’hôtel avec mes morceaux de durian sous cellophane planqués dans
mon sac. Depuis le temps que j’ai envie de goûter à ce fruit qui a autant
d’adorateurs que de détracteurs en Asie ! (oui, il est "famous" comme le dit cette affichette).
Sa chair de couleur jaune est
très moelleuse, très douce. Il faut tenir fermement le morceau de fruit sinon
il glisse entre les doigts. Après la dégustation, il reste des gros noyaux
globuleux dégageant toujours cette odeur qui imprègne l'atmosphère. Je fais disparaître
toute trace de mon délit dans les toilettes et l’expérience gastronomique du
premier soir s’achève !
Le lendemain soir, je vais diner au Restauran Muar, cuisine malaise, deux
rues plus loin, et prends un plat de poisson excellent, assez épicé… avec une
grande bouteille de Tiger car la
journée a été longue en raison de la grande ballade à pieds dans la ville. Pas de
dessert.
A chaque repas, je change :
cuisine indienne (tandoori, et roti cannai – prononcer
« tchanaille » : crêpe frite dégustée avec du curry), thaï (très
bon poisson), satays dans Chinatown,
etc.
En arrivant à Malacca, l’ambiance est totalement différente. On est loin du côté busy de Kuala Lumpur, loin de la foule et du bruit. Ville calme et
paisible. Mon premier diner a lieu au restaurant de l’hôtel Casa del Rio Melaka, un « 5 étoiles » tout neuf, au
bord de la Melaka River. Et là, j’ai droit à une nappe, une fourchette et un
couteau (pas de couteau en général en Asie, sauf si vous le demandez), une
corbeille avec deux morceaux de pain (rare ici) et un petit ravier avec du
beurre (rarissime ici !), un serveur attentif et surtout… un excellent curry chicken servi avec du riz (très
bien pour tamponner le feu des épices !). Addition : 25 € pour ce
plat délicieux servi dans une cocotte + un dessert + une bière + une bouteille
d’eau pétillante. No comment !
Les deux soirs suivants, souhaitant encore diner
près de la rivière, lieu très agréable le soir, avec une température d'environ 28°C, je vais dans un petit
restaurant, Lao San (au centre sur la photo). Je pourrais rédiger la même chose que ce commentaire lu sur Tripadvisor :
“Simple et bon”
Goutez la spécialité de la maison, le curry de poulet et
le dessert malais cendol fait maison et très rafraichissant. Les serveurs sont
sympas et le cadre au bord de la rivière sans aucune circulation est top!
Et l’addition est top aussi : environ 10 €…
Je goûte plusieurs cendol pendant mon séjour à Malacca,
dont un durian
cendol, dessert typique d'Asie du
Sud-Est à base de glace pilée et de lait de coco, parfumée à la purée de durian.
Et c’est très bon !
A midi, je déjeune le
premier jour au Café 1511, attenant
au Baba Nyonya Heritage, un musée
occupant une très belle demeure peranakan de 1896, à la façade dotée de
boiseries finement sculptées. On peut y déguster de la cuisine peranakane. Je
prends plusieurs plats dont celui visible ci-dessous et de l’otak-otak, un pain de pâte de poisson grillé
mélangée avec de l'amidon de tapioca et des épices et cuit dans une feuille de bananier.
On peut imaginer que ces plats étaient servis à la
table de cette magnifique maison habitée par des Peranakans.
Le deuxième jour, j’opte
pour un plat comprenant des fruits de mer, des légumes de toutes sortes, plus
un dessert malais, le Padan Gula Melaka
Cake. Bref, de quoi être en forme et continuer à visiter cette ville que
j’apprécie beaucoup.
Et j’arrive à Singapour… la ville où plus de 80
% des habitants prennent leurs repas à l'extérieur ; la nourriture est leur
passe-temps favori, au même titre que le shopping! Pour satisfaire toutes les
envies, les innombrables restaurants déclinent un tour du monde gastronomique
étonnant. Chinoise, malaise, indonésienne, péranakane, indienne, japonaise,
mais aussi italienne, espagnol, française… pas une cuisine ne manque à l’appel.
Et la concurrence entre ces établissements fait que la qualité est souvent
irréprochable.
La richesse gastronomique est indiscutablement un des
points forts de la cité État. Il y aurait plus de 6500 restaurants auxquels
s'ajoutent plus de 10 000 échoppes de rue et toutes les cuisines sont
représentées.
On peut manger à toute heure,
partout, et souvent pour très peu d’argent, quelques dollars singapouriens (1
dollar Singapourien = 0,66 €). En matière de cuisine locale, les hawker centres sont quasi-imbattables.
Ces grands ensembles de stands chinois, malais, indonésiens et indiens sont la
meilleure incarnation du bouillon de culture singapourien. Ici, la nourriture
est un des principaux sujets de conversation. La réputation des stands variant
constamment, les singapouriens au courant sont toujours prêts à faire 30
minutes de queue pour savourer le meilleur chicken rice de l'île, le plat national. Poulet + riz : les
grains de riz sont délicieusement infusés dans une sauce au soja, gingembre et
piment. Quant à la viande, elle est très moelleuse.
Devant ce choix impressionnant de
cuisines différentes, je change à chaque repas en me laissant guider par mon envie
du moment (et la lecture de quelques bonnes adresses dans les
guides).
Un diner thaï dans Pagoda Street, célèbre rue de Chinatown.
Pasta Brava, dans Craig Street, Chinatown. Joli restaurant italien, service top niveau. Je me régale avec un osso-buco accompagné de pâtes parfaitement cuites et… d’un verre de Valpolicella (1er verre de vin depuis mon départ… c’est dur, mais on s’y fait ;-)) ). Comme dessert, une glace vanille-chocolat. Impression subitement d’être en Europe, à plus de 10 000 km d’ici. Etrange et intéressant comme décalage.
Pour fêter le National Day et
les 50 ans de Singapour, je décide le 9 août de diner à Boat Quay, un des lieux les plus vivants le soir, et de découvrir
le second plat national avec le chicken
rice : le chili crab. Le
crustacé, format XXL, est trempé dans une sauce piquante, concoctée à partir de
tomates et de piments. Avec juste des mantou
(petits pains) frits pour saucer. Pour éviter de se tâcher, le serveur nous
installe un tablier en plastique en l’attachant dans le dos (et même des gants
très fins si on le souhaite) et ainsi, on se retrouve plusieurs clients sur cette terrasse au bord de Singapore River empaquetés dans nos magnifiques plastiques, les mains plongées dans la sauce
épicée à dépiauter les pates et pinces de crabe. Funny, non ?
Blue Ginger, dans Tanjong Pagar Road, pour un repas
peranakan (ou nyonya). Mon choix se porte sur une bakwan kepiting, soupe aux boulettes de porc et de crabe, puis un ayam panggang, poulet grillé à la noix
de coco et aux épices, accompagné d’une samba terong goreng, aubergine frite et épicée, puis un
dessert conseillé par le serveur, très frais.
ayam panggang
samba terong goreng
Tous
ces mets sont savoureux et j’espère que je vous donne faim en ce moment. Alors,
pourquoi ne dégusteriez-vous pas à votre tour cette cuisine peranakan en
commençant par le célèbre laksa péranakan,
un bouillon au curry avec des nouilles, boulettes de poisson, crevettes, plutôt
très épicé puis des udang ketak, langoustines enrobées d'une sauce à l'ananas ?
Cela vous tente ?
Changement de décor…
Déjeuner à Satay by the bay, un hawker centre au
fond des Gardens by the bay et ses arbres futuristes.
Un grand choix de stands
différents, bien représentatifs de l’offre singapourienne.
Je reprends des forces avec un assortiment d’une quinzaine de satay (bœuf, porc, mouton, otak-otak) pour 20 SD (environ 13 €).
satay d'otak-otak, pâte de poisson cuite dans une
feuille de bananier.
Sankranti,
restaurant indien situé Syed Alwi Road, en face du Mustafa Centre, le grand bazar indien
ouvert 24h sur 24 dans Little India. J’avais bien
apprécié ce restaurant en avril et j’y retourne avec plaisir. Ce soir, je
prends comme entrée (starter) un Malai Tikka, puis en plat principal (main) un
Malai kofta (main) avec des Kashmiri Naan, et l’incontournable Mango Lassi, une
de mes boissons préférées.
Malai Tikka
Malai kofta
Déjeuner le dernier jour à L'absinthe, un restaurant français sur Boat Quay.
Vue de ma table sur le Central
Business District (CBD) à droite, l'Asian Civilisations Museum à
gauche (bâtiment colonial jaune) et, au fond, le Marina Bay Sands avec
son Skypark, plateforme de 340 m de longueur qui coiffe les trois tours du
complexe, de l'architecte canadien Moshe Safdie.
De l'autre côté de la Singapore
River, le nouveau "vaisseau spatial" de la Cour suprême créé par l'architecte britannique, Sir Norman Foster, et à droite, le Swissôtel The
Stamford, de l'architecte américain Pei (celui qui a conçu la pyramide du
Louvre à Paris).
La classe française ! Tout est parfait : petits pains bien frais, un verre de rosé (2ème verre de vin en 15 jours… c'est bon, je ne crains pas la cirrhose), la bouteille de Badoit : on a presque envie de chanter "Cocorico…"
En entrée, un carpaccio d'avocat avec des grosses crevettes et des dés
de gelée de mangue.
Et même un Laguiole pour couper les succulentes lamelles de boeuf australien, accompagné de frites (célèbres french fries) !
Une façon de me préparer à retrouver les saveurs de la cuisine
française, à quelques heures de mon départ.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire